Le 30 octobre 2022, les électeur·ices brésilien·nes auront choisi entre Lula et Bolsonaro.
Mise à jour 24/10/22 à 8:00
Les élections brésiliennes nous semblent lointaines, autant que le Brésil. Nous regardons ce qui s'y passe comme nous avons regardé l’Amérique de Trump. Un temps d'avatardisme politique où des factieux sont mis au pouvoir par des inconscient·es. Comment soutenir et voter Trump ou Bolsonaro, outranciers, cyniques, discriminants blancs ? Et pourtant, iels sont des millions à user de leurs statuts de citoyen·nes, de leur liberté de conscience, de leurs droits pour mettre au pouvoir des champions de la violence sociale et des oppressions. Le Brésil est une terre de contraste et de rupture qui pourrait, le 30 octobre 2022, autant contribuer à faire du monde un enfer écologique et politique ou une révolution.
Triste constat qui ne souffre pas l'idée d'une réélection de Bolsonaro. Après des années de progrès sociaux lorsque le Parti des Travailleurs était au pouvoir, 2002-2014, le neofascisme déstabilisa de nouveau le pays avec Jair Bolsonaro à sa tête et sa collection de reculs sociaux et environnementaux :
- 60 % de la poupulation qui est en urgence alimentaire contre 23% en 2014
- Une politique de destruction et de la terre brulée en amazonie au bénéfice de l'agrobusiness
- Des indigènes, autochtones, chassé·es ou assassiné·es, qui lancèrent dès le début un appel
- L'orpaillage promu pour permettre de coloniser les terres indigènes sous prétexte de faire fortune...
Une politique de conquête territoriale vantant un brasilian dream où les nécéssiteux deviennent agents armés du farwest colonisateur. Si tout a montré que la politique de gauche avait développé le pays, la politique de droite extrème de Bolsonaro décime, appauvrit et assassine à tout va. Que nous réserve le suffrage du 30 octobre ? Sandra Guimaraes de l'Union Vegan d'Activisme (UVA) nous a fait part des résultats du premier tour. Au premier regard, l'inquiétude est de mise.
Si près de 48,5% des voix se sont portées sur le candidat Lula, c'est un faible ecart qui crée l'avance avec 43,2% pour Bolsonaro. En fonction des régions cela laisse penser la puissance du vote réactionnaire extrême et l'impact de sa représentation sociopolitique en terme d'activité et de pouvoir territorial.
source : https://resultados.tse.jus.br/oficial/app/index.html#/eleicao;e=e544/resultados
Les résultats du premier tour dans l’état des immigrés européens (Santa Catarina- SC), dans l’état du Paraná, dans le Sud, dans le Mato Grosso (MT) l’état avec la plus grosse monoculture de soja du pays, dans le centre, sont en faveur de Bolsonaro. Un bastion du racisme, du lobby de l'élévage et de l'agriculture. Dans ces trois états (sur les 26 du Brésil), on trouve le plus grand nombre d’abattoirs. Le Mato Grosso a le plus grand cheptel de vache, le Paraná le plus gros cheptel de volailles, et Santa Catarina le plus grand cheptel de cochons. Le soutien à Bolsonaro est celui d'une industrie qui en exportant ses productions agro-industrielles, empeche l'agriculture paysanne et affame les populations. Un système qui déstabilise le pays, le pollue de manière irréversible et détruit le dernier poumon de la planète alors même que le GIEC préconise la végétalisation de l'alimentation humaine et la fin de l'élevage. L'élection de Bolsonaro validerait la prolongation de l'appropriation des terres indigènes, l'écocide, la famine populaire et la plus grande concentration de personnes animales nées pour être dévorées. Au lieu de cela, cynique, Bolsonaro déclare "terroriste" le mouvement des sans terre, seul mouvement citoyen capable de nourrir durablement la population et de manière éthique.
Mais ailleurs, une zone de résistance, le Nordeste, région où l'on trouve le plus d’agriculture familiale, des petites exploitations et où le MST est le plus fort. Le Pernambuco (Recife) centre du véganisme populaire au Brésil avec la déclaration de l'UVA. Le parti de Lula y obtient 65,27% des voix au premier tour contre 29,91% pour Bolsonaro. Pour Bahia et Piaui c'est aux alentours de 70% que les voix se sont portées sur Lula.
Le Nordeste a été responsable pour 10,96% de plus pour Lula alors que la moyenne dans le pays était de 5,19%. Sans le Nordeste, Lula serait en deuxième place derrière Bolsonaro.
Piaui ne représente que 1,6% de la population
Dans le Nordeste est né le véganisme populaire, une dynamique qui rejette colonialisme intérieur et supremacisme blanc. Dans ce bastion, la culture vivrière et familliale est celle du partage et de la solidarité, de l'identité culturelle et du féminisme, du végétalisme et de la préservation des territoires. Quand ailleurs, Bolsonaro développe une politique misogyne et homophobe, un autoritarisme religieux et raciste armant ses adeptes, ici la lutte pour exister est portée par un véganisme politique et inclusif.
Il n'est pas certain que Lula l'emporte le 30 octobre. Il y a peut-être de la réserve de voix en faveur de Bolsonaro dans les Etats les plus peuplés du Brésil, maintenant il faut observer que si le pouvoir actuel est basé sur quatres pilliers: la blanchité, le capitalisme, le patriarcat et le spécisme, pour la première fois, sous l'impulsion du Nordeste, politiquement, l'antispécisme existe en tant que force de progrès humain et autre qu'humain et contribuera à faire fléchir un néofasciste. Un vote pour le monde.
Martha
Les résultats d'un sondage
Rappel : Ce que l'on sait, c'est que pour reprendre le pouvoir, LULA devra tendre la main à l'agrobusiness qui à priori est bien servi par Bolsonaro en terme de garanties pour ses intérêts. Lula va donc devoir soutenir une idéologie spéciste en mettant en place une politique de centre droit. Il faudra un grand renfort de militance et de vigilance de la part des antispé pour donner davantage de place et d'influence au véganisme populaire dans le temps de pouvoir de Lula.
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Pour aller plus loin :
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Soutien financier à
LA SEMAINE DU VEGANISME POPULAIRE