Le 7 décembre dernier, Une délégation de L214, emmenée par Brigitte Gothière, s'est présentée à la Direction Générale de l'Alimentation (DGAL) service du ministère de l'Agriculture. Porte close et barricadée, les fonctionnaires ont refusé de recevoir la délégation. Le courrier ? Mettez-le dans la boîte aux lettres !

Des élu·es allié·es de la France Insoumise ainsi que des membres du Parti Animaliste se sont déplacé·es et ont pu découvrir, grâce à un exposé sans concession de Brigitte Gothière, la persistance d'un des drames scabreux parmi ceux collectionnés par l'élevage industriel.



Jean-François Coulomme - Andy Kerbrat - Douchka Marcovic - Danielle Simonnet - Aymeric Caron - Jean-Luc Mélenchon - Sébastien Delogu - Brigitte Gothière / ©photos Emmanuelle Thiercellin - Déc2022

 

Alors que 82%(1) de la population française souhaite en finir avec la souffrance animale et l'élevage intensif, alors que l'activisme animaliste dans une dynamique européenne avait réussi à arracher la fin du broyage et du gazage des poussins mâles dans la filière oeufs, force est de constater que le lobbying a su encore s'affranchir des instances démocratiques. La filière a obtenu une dérogation pour contrer les avancées legislatives. Le broyage des poussins qui devait être interdit dès janvier 2023 grâce à la loi de février 2022, pourra finalement se poursuivre en toute impunité pour une partie des eclosions de la filière, les poussins de poules blanches. Cela représente 15% des poussins issus des couvoirs soient 8,5 millions d'individus.

 

 



Un carnage permanent donc que les filières coupables et leur lobbying font perdurer dans une volonté affranchie de toute ethique au nom du profit et d’archaïsmes specistes. Pourtant la fin du broyage et du gazage des poussins repose aujourd'hui sur une prise en charge financière par l'État et le consommateur. La filière a réussi à se désengager financièrement de cette évolution éthique de leurs pratiques. FranceAgrimer accompagnerait ainsi à hauteur de 10,5 millions d'euros l'ovosexage pour les poules pondeuses d'oeufs de consommation et les distributeurs prendraient en charge un surcoût de 59 centimes d'euro par oeuf. Mais ce n'est pas encore suffisant. Pour davantage de profit sans surcoût, les dérogations permettront finalement de diviser en deux classes les poussins concernés. Les poussins les moins valorisés, ceux de la filière transformation des oeufs, continueront d'être maltraités. Sous prétexte que leur ovosexage n'est pas possible alors qu'en Allemagne la technologie adéquate est déjà développée.

 



Si la population est indignée d’un tel traitement de 54 millions d’individus poussins, que cette indignation porta la représentation nationale à légiférer, il y a une immense différence entre la logique citoyenne et celle des consommateur·ices. Ces dernier·es sont totalement désinvesti.es de leur responsabilité politique à porter les lois votées en leur nom. C’est que à ce jour, les décisions prises de faire reculer la souffrance et la maltraitance se sont focalisées sur ce qui les indigne, les culpabilise dans ce qui est fait en leur nom et au nom de la culture, collectivement, mais rien n'est fait pour remettre en cause cette dernière individuellement. La dissonance cognitive(2) individuelle sert grandement les intérêts des filières. Pour la filière oeuf c’est l’elevage de poules pondeuses en cage qui a été interdit, privilegiant ainsi l’elevage au sol ou en plein air. Or on sait très bien, images a l’appui, que les conditions de vie des personnes poules sont toujours un enfer. Passer d’une cage d’une superficie d’une feuille A4 au perchoir, ne traite pas de la promiscuité ni du respect des besoins psychiques et physiques des personnes poules. Lorsque les lanceur.euses d’alerte montrent l’ignominie qui perdure, le système cherche à casser les reins des revendicateur.ices soit par voie de justice, par intimidation ou indignation faisant appel à la deontologie et au professionnalisme de la filière. Ainsi l'année dernière, c'est l'association VEGAN IMPACT qui a du supprimer de son site les images video du poulailler d'Havellu. L214 elle-même est en permanence remise en question sur ses pratiques de captations d'images. Sans ces images, notre représentation de la réalité serait erronée. Les dernières images de L214 du couvoir CARINGA dans le Gers, montrent une fois encore le traitement réservé à ces petits êtres. Des centaines de milliers d'individus naissent, traités comme une matière dont on veut volontairement ignorer le vécu et le calvaire. C'est la raison pour laquelle toucher les élu·es au plus près en les mettant face à la realité régulièrement est une bonne stratégie pour ne pas perdre leur attention dans les empilements de dossiers. Mais au-delà de l'horreur, c'est aussi la notion de sentience(3) qu'il convient d'inscrire dans le logiciel des politiques et des citoyen·nes. Ces petits êtres poussins à 1 jour de vie sont déjà capables de faire des calculs complexes(4). Ils ont tous les attributs cérébraux en faisant des êtres sensibles qui devraient éveiller notre considération. En laissant perdurer le broyage des poussins, c'est votre éthique que vous passez à la moulinette.

Martha

 

SIgner la pétition L214


Des milliers de poussins broyés vivants chaque semaine dans le couvoir Caringa (Gers) from L214 on Vimeo.

 

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(1) Sondage IFOP 2021

(2) Dissonance cognitive : Ce qui est ressenti chaque fois que nos actes ou paroles sont en contradiction avec nos valeurs. Par exemple, les gens qui disent "j'aime les animaux" et pourtant les mangent en cadavres.

(3) Sentience : Le fait pour un individu de ressentir des émotions et de pouvoir considérer sa propre vie.

La force des preuves nous amène à conclure que les humains ne sont pas seuls à posséder les substrats neurologiques de la conscience. Des animaux non-humains, notamment l'ensemble des mammifères et des oiseaux ainsi que de nombreuses autres espèces telles que les pieuvres, possèdent également ces substrats neurologiques.  (Déclaration de Cambridge Nov-2012)

(4) Une suite de 3 vidéos de Cervelle d'Oiseau qui aident à comprendre les fabuleuses capacités cognitives des poules et poussins.