M6 diffuse le 11 janvier 2020, une émission qui pourtant aura scandalisé dès son annonce d'intention en 2017 puisque le collectif GRAS POLITIQUE, avait déjà dénoncé en 2018, Le projet inhumain de Karine Le Marchand.
Dès le teaser, le ton scandaleux de l'émission est donné. Stigmatisation, bienveillance outrancière, pathologisation des situations des personnes grosses seront fatalement au programme. Le validisme et l'aphrodisme seront à minima les deux ecueils que l'émission produira. C'est encore la condescendance qui tente de faire taire la critique.
Il faut que se soient les personnes concernées directement par le sujet, en lutte dans un monde discriminant et grossophobe, qui prennent la parole pour qu'enfin puisse s'exprimer l'indignation. Alors faisons echo en diffusant cette parole. pour la rendre audible d'une part et par respect d'autre part. Car tout comme dans le cas du racisme ou du féminisme où les seules personnes à même de parler et de prendre une juste place dans l'expression de leur colère et les revendications de leurs droits sont respectivement les personnes racisées ou les femmes, dans le cas de l'obésité c'est bien aux personnes concernées elles-mêmes de revendiquer ce qui leur appartient sans que des bon·ne·s samaritain·ne·s viennent prêcher une parole normative, culpabilisante et méprisante.
Nous refusons que nos vies, que nos corps, que nos histoires soient un divertissement
Daria Marx
A ce titre, cette page de blog vous permet d'entendre celleux concerné·e·s.
Tout d'abord en vous permettant de lire la tribune du collectif Gras politique parue sur Médiapart le 8 janvier dernier. Nous rassemblons ici les points dénoncés par la tribune :
1 - La culpabilisation
C’est [bien] à l’obèse qu’on s’attaque. C’est à lui·elle de changer, c’est à lui·elle de faire. Le sacro-saint mythe de la volonté, premier pilier de la grossophobie, permet de nier toutes les violences subies par les gros·ses, et de renvoyer les obèses à leur culpabilité : nous ne savons pas faire, nous ne savons pas nous aimer, nous ne savons pas manger, nous ne savons pas maigrir, nous nous mettrions par choix en dehors de la société qui ne veut que notre bien.
2 - Fausse représentation du service médical
d’un système de santé bienveillant et respectueux des personnes grosses, et d’une prise en charge optimale pour les patient·e·s opéré·e·s : ne nous laissons pas berner par le filtre de la télévision
Le système de prise en charge est décrit dans cette Tribune comme grossophobe, inadapté en terme de connaissance et de moyens, au suivi "inaccessible ou insuffisant"
3 - Des conflits d'intérêts de la part de l'animatrice Karine Le Marchand et de certains protagonistes de l'émission.
C'est au nom de cela que le collectif met en garde les téléspectateur·rice·s et tou·te·s les acteur·rice·s institutionnels ou de l'accompagnement des personnes grosses contre les effets délétères de ce programme alors que culturellement commence à peine la lutte contre la grossophobie.
Nous craignons évidemment qu’à la suite de sa diffusion, les personnes grosses, déjà stigmatisées dans leurs vies quotidiennes, subissent de la part de leurs proches et d’inconnus une pression supplémentaire à l’amaigrissement, qui contribuera à la grossophobie ambiante et à leur fragilisation. Nous n’avons pas attendu M6 et Karine Le Marchand pour naître et pour vivre : nos vies de personnes grosses comptent autant que les vôtres.
Ci-dessous un décryptage des images du teaser de l'émission par une représentante du Collectif Gras Politique sur le compte instagram @graspolitique
Et enfin, vous pouvez réécouter la conférence de Géraldine Franck que nous avions fait paraître le 12 juin 2019 et qui traite de la grossophobie en général et dans le véganisme. Nous posons d'ailleurs comme acte de résistance à la diffusion du programme de Karine Le Marchand, la diffusion le 11 janvier de cette conférence en continue toute la soirée sur l'antenne de NONBI.