16/04/2023

Sainte Soline, autoroute inutile et soulèvements

Paroles de militant·es écologistes sur les luttes, l'engagement, la violence...

 Un reportage  de manu 

(Mise à jour le 17/04/23 à 14:24)
Temps d'écoute 21'

 

Prochain rendez-vous:

Mobilisation contre le projet d'autoroute A69 dans le Tarn.





 

Violence volontaire :

A Sainte Soline, les gendarmes venaient faire la guerre aux militant·es. Les grenades qu'ils auront utilisées en 2023 par milliers sont classées Armes de Guerre. Leur seul objectif : créer le chaos. Ce n'est pas seulement la police et les gendarmes qui font la guerre, des citoyens menacent aussi les militant·es pour préserver leurs intérêts le plus souvent en opposition à l'intérêt général et au nécessaire changement de paradigmes, sociaux, environnementaux et d'éthique concernant les vivants non humains. Leurs menaces de mort ou leurs agressions physiques ne sont pas poursuivies alors que les militant·es subissent en permanence la coercition et les procédures baillons.

 

Le capitalisme n'a aucune limite, il est prêt à tuer



Source: site Maintiendel'ordre.fr

 


Une stigmatisation qui renforce

Face aux menaces de dissolutions, d'emprisonnement, face aux stigmatisations du Pouvoir et de classes privilégiées retranchés dans leurs dogmes de domination et de profits, les militant·es ne renient rien de leur radicalité. Parce que la science (GIEC), les constats terrains (déreglement climatique et catastrophes) prouvent les effondrements des environnements ou des libertés, c'est plus que jamais et même dans la douleur que les personnes éveillées continuent la lutte pour la survie et une existence égalitaire et heureuse dans un environnement respecté et constituant de leurs existences. Le Pouvoir violent ne peut réussir à défaire la solidarité et le soutien mutuel dans la lutte. La mémoire des victimes des oppressions est honorée et booste la détermination collective, même parmi les plus blessé·es d'entre-nous.

 

Communiqué des parents de Serge, le 4 avril 2023 :

Cela fait maintenant 10 jours que Serge est dans le coma, suite à la grenade qu’il a reçue à Sainte-Soline lors de la manifestation contre les bassines du 25 mars. Son pronostic vital est toujours engagé. Nous et sa compagne remercions toutes les personnes (camarades, proches et anonymes) qui ont manifesté leur soutien et leur solidarité envers lui. Nous remercions les dizaines de milliers de camarades qui se sont exprimés dans la rue, devant les préfectures et ailleurs, le jeudi 30 mars, contre l’ordre policier installé en France. Nous remercions tous ceux et celles qui ont porté assistance aux blessés pendant la manifestation, ou qui ont apporté leur témoignage concernant la répression à Sainte-Soline, en particulier par rapport à Mickaël et à Serge. Nous remercions enfin l’équipe médicale qui est à leurs côtés afin de les aider à se battre pour vivre. Ce combat pour la vie, Serge le mène avec la même force que celle qu’il met à combattre un ordre social dont la seule finalité est de maintenir la main de fer de la bourgeoisie sur les exploités. Soyons solidaires de tout ce que Darmanin veut éradiquer, dissoudre, enfermer, mutiler – du mouvement des retraites aux comités antirépression, des futures ZAD au mouvement des blocages. Le terrorisme et la violence sont chaque jour du côté de l’Etat, pas de celles et ceux qui manifestent leur rejet d’un ordre destructeur.

 

Communiqué des parents de Serge, le 12 avril 2023 :

La menace de dissoudre un des collectifs qui ont appelé à manifester contre les bassines, le 25 mars, est une nouvelle illustration du mépris que ce régime exprime envers quiconque veut faire barrage à la politique qu’il mène au service de la bourgeoisie. Il s’agit en effet pour lui d’accréditer l’idée que les milliers de manifestants présents à Sainte-Soline auraient été des enfants sans aucune autonomie, arrivés là sous l’influence de quelque puissance occulte. Menacer de dissoudre des structures qui organisent la solidarité contre la répression est un autre reflet de ce mépris consistant à faire croire que les gens eux-mêmes, à la base, sont incapables de s’organiser pour se défendre. Or c’est tout le contraire qui se passe aujourd’hui en France. A Sainte-Soline, il n’y a pas eu, d’un côté, les « bleus » et les « noirs » et, de l’autre, les « familles ». Les dizaines de milliers de personnes participant à cette manifestation interdite savaient que les plus mobiles se trouveraient dans le cortège chargé d’ouvrir le chemin vers la bassine, et nul ne dissociait les « non-violents » des « violents », les « bons » manifestants des « mauvais ». La complicité entre les uns et les autres était évidente. Ces dizaines de milliers de personnes ont agi ensemble, chacune selon ses possibilités, contre le modèle capitaliste que représentent les bassines et malgré les menaces de répression émanant de l’Etat. Et elles ont été capables, ensemble, de résister physiquement au bras armé de cet Etat. La violence a été du côté des forces de l’ordre, qui ont visé l’ensemble des manifestants. Les 200 blessés de Sainte-Soline – dont notre fils Serge et Mickaël, les plus gravement atteints – ne sont pas le résultat d’une « mauvaise gestion de l’ordre », d’erreurs de tel ou tel, ou simplement le fruit du hasard. Le responsable de ces 200 blessés, c’est un Etat qui a pour seul objectif, dans la période actuelle, de mettre à genoux toute contestation sociale afin de mieux gérer l’exploitation du travail dans les années à venir, face à la crise que connaît le capitalisme pour se perpétuer. La répression policière et juridique est omniprésente et se répand comme la misère sur le pauvre monde, mais nous ne nous laisserons pas enfermer dans un combat contre cette répression qui accaparerait tous nos espaces et notre vision de la vie. Car notre monde, c’est aussi celui de la lutte, et la lutte c’est la fête. La fête, ce sont les barbecues des gilets jaunes sur les ronds-points ; ce sont les cris et les chants lors des manifestations contre la réforme des retraites ; c’est l’expression créative et colorée que peuvent avoir les manifestations des femmes ou des homos ; ce sont les grèves ou les occupations dans lesquelles les salariés se découvrent sur leur lieu de travail ; ce sont les blocages joyeux de routes ou de lycées… Contre la répression, ces espaces de lutte et de fête témoignent que le monde doit changer de base, et que nous avons en nous, dès maintenant, la capacité d’y parvenir en les mettant en valeur et en les élargissant.
Nous n’avons besoin d’aucune « figure » ou d’aucun parti pour nous indiquer la voie à suivre tout en nous prenant par la main. Nous maintiendrons notre union dans un même combat contre l’aménagement capitaliste du territoire, et notre solidarité contre la répression. On ne tue pas un mouvement en déclarant dissoutes certaines de ses structures ou en les interdisant. Dissolution ou interdictions ne changeront donc rien. Et nous ne céderons pas aux palinodies de partis politiques qui cherchent encore à parler en notre nom alors qu’ils ne représentent plus grand-chose. C’est en nous que nous devons avoir confiance pour repousser l’assaut de l’Etat policier, comme celui d’une extrême droite à l’affût.