Les endettements des agriculteur·rice·s sont légions, la transition d'une exploitation intensive à des exploitations bio sont remplies de préjugés, les sols arables se meurent, les eaux sont polluées par les pesticides et autres engrais chimiques déversés chaque jour par l'agriculture conventionnelle et intensive, les importations sont trop compétitives face aux besoins des productions locales, les taxes sur le carburant rouge augmentent, les salaires sont dévalués comparés aux nombres d'heures travaillées, les normes sont ubuesques, bref l'agriculture en France va très mal.
Redonner sa place à la paysannerie
Entre impact écologique destructeur et sacrifice des petites exploitations familiales au profit d'exploitations intensives et démesurées en taille et en nocivité environnementale, le capitalisme glouton empêche l'essor de solutions pérennes et planétaires. Dans ce chaos mondial, quelques ONG œuvrent depuis plusieurs années à proposer des transitions viables économiquement et écologiquement aux agriculteur·rice·s prêt·e·s à changer. En France, c'est une association, TRANSITERRA qui apporte un souffle d'espoir.
Dans l'entretien que nous vous proposons ici, avec Silvère de TRANSITERRA, vous allez comprendre comment avec une juste réflexion on pourrait redonner sa place à la paysannerie en la protégeant des contraintes du marché capitaliste et en lui permettant de retrouver des dynamiques vertueuses. Une autre voie plus éthique et solidaire.
Il y a des solutions pour un mieux vivre et bénéficier de revenus décents, pour qu'enfin l'agriculture retrouve une place digne dans la société et dans le cœur des citoyen·ne·s. De nombreux exemples d' agricultueur·rices et de paysan·ne·s ayant choisi l'agroécologie, l'agroforesterie, la permaculture et la syntropie redonnent du sens à leurs métiers : nous nourrir avec intégrité. La voie vers le respect de l'environnement et, à minima, la fin inhérente de l'exploitation intensive des autres animaux peut être accessible à toustes. Développer des cultures rentables et durables c'est possible avec la transition vers le tout végétal. Ainsi l'impact sur nos estomacs et l'environnement redeviendra positif et nutritif plutôt que nos corps s'habituent à développer des maladies dues aux pesticides et insecticides chimiques ingurgités (surtout quand on n'a pas les moyens financiers de manger tous les jours des produits bio).
Un revenu digne pour tous les paysan·nes, rompre avec les accords de libre-échange
Un exemple de revendications
« La Confédération paysanne affirme sa pleine solidarité avec les mouvements d'agricultrices et d'agriculteurs en France, avec cette colère légitime, mais en désaccord profond avec les solutions proposées par la FNSEA et la CR (Coordination Rurale). Ces syndicats oublient [...] de pointer la responsabilité des très grosses coopératives agricoles, qui se conduisent désormais comme des multinationales au mépris de l'intérêt des agriculteur·rice·s. In Vivo, Aterris, Vinadéis et autres engrangent des bénéfices au détriment du revenu paysan.
Les gouvernements successifs et la FNSEA ont mené conjointement l'agriculture dans l'impasse actuelle d'un système économique ultralibéral, inéquitable et destructeur. La suppression des normes et celui du complément de revenu par la production d'énergies sont des mirages. Certes, une simplification administrative est nécessaire mais ne nous trompons pas de cible. La demande de la majorité des agriculteur·rice·s qui manifestent est bien celle de vivre dignement de leur métier, pas de nier les enjeux de santé et de climat ou de rogner encore davantage sur nos maigres droits sociaux. Nous avons besoin d'attaquer les racines du problème en offrant plus de protection sociale et économique aux agriculteur·rice·s.
Nous voulons d'urgence :
- Une loi interdisant tout prix agricole en dessous de nos prix de revient garantissant des prix rémunérateurs
- L'instauration d'un prix minimum d'entrée sur le territoire national des produits agricoles importés
- La fin immédiate des négociations d'accord libre-échange
- L'accompagnement économique à la transition agroécologique à la hauteur des enjeux
- La priorité à l'installation face à l'agrandissement
- L'arrêt de l'artificialisation des terres agricoles et du photovoltaïque sur nos terres »