Est-on antisémite, islamogauchiste si l'on affirme que l'État d'Israël est un pouvoir de conquête colonialiste créant de la ségrégation, organisant expropriations et persécutions par racisme et suprémacisme contre les palestinien·nes ?
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Voilà des années que nombre de personnes de gauche indignées par la situation des palestinien.nes sont souvent obligées de se taire par crainte d'être accusées d'antisémitisme, malgré le scandale, le drame et les souffrances vécues par les palestinien·nes sous le joug et les coups de l'État israelien. Car comment se déclarer solidaires et prendre la parole contre Israël sans prendre le risque de porter la marque de l'antisémitisme coupable devant l'histoire, comme la marque du diable, le mal absolu, sachant qu'il y a une persistance alarmante de l'antisémitisme au regard des chiffres présentés par le SPCJ concernant la France en 2022.
Seulement, assimiler à des antisémites les opposants à Israël c'est un sophisme. S'il y a certainement des antisionistes antisémites, il y a tout autant, sinon davantage, d'antiracistes défendant autant les juifs que les arabes quand iels sont discriminé·es. Si nous en sommes là aujourd'hui, c'est qu'il y a des enjeux politiques dans le processus de ces accusations d'antisémitisme. Un backlash réactionnaire lancé comme un leurre par les idéologies de droite et d'extrême droite. L'amalgame permet de réduire la prégnance de l'antiracisme et de l'égalité des droits. Les nationalistes et racistes soutiennent Israël. Il ne vous aura pas échappé que Nétanyahou a nommé au poste de ministre de la sécurité nationale Ben Gvir. Toutes les droites nationalistes sont peu ou prou racistes, mysogines, LGBTQIA+phobes et usent de violence. Personne n'ose donc s'opposer à Israël pour ne surtout pas devenir un monstre d'extrême droite qui paradoxalement a le même ADN. C'est un dilemme dont on ne sort qu'indigne. Car ce raisonnement par l'absurde organise un gré à gré complaisant, un piège tendu dans lequel on tombe aisément. Lorsque Jean-Paul Lecoq, député communiste, propose le 12 avril 2023 une résolution "réaffirmant la nécessité d’une solution à deux États et condamnant l’institutionnalisation par l’État d’Israël d’un régime d’apartheid consécutif à sa politique coloniale", la plupart des députés dont ceux de gauche se désolidarisent.
Il est donc temps d'avoir du courage et de libérer notre solidarité pour soutenir la lutte palestinienne et ne plus faire le jeu des extrêmes droites. Il y a deux arguments tangibles qui peuvent donner ce courage :
1 / Au premier semestre 2022, l'organisation AMNESTY INTERNATIONAL a désigné l'État d'Israël comme un régime d'apartheid. Son rapport est sans concession. Il suffit de lire le sommaire pour comprendre l'étendue de l'oppression subie par les palestinien·nes.
Ce rapport devrait donner lieu à de nombreuses conférences qui pourtant se trouvent souvent annulées par les municipalités, pour des raisons fallacieuses dont les causes ont été décrite plus haut.
« Les interdictions des conférences d’Amnesty International sur Israël s’apparentent à des atteintes répétées à la liberté d’expression » https://t.co/4xq58kVtUJ via @lemondefr
— NONBI-Radio (@NonbiRadio) May 12, 2023
2/ Il existe des juifs antisionistes qui font référence dans leurs reflexions et leur lutte contre l'antisémitisme. Iels sont actif·ves au sein d'une organisation, l'Union Juive Française pour la Paix (UJFP). Fondée en 1994, [elle] mène son action dans deux domaines liés l’un à l’autre : celui de la Palestine et celui de l’antiracisme. L’axe qui les relie est celui de la justice et de l’égalité des droits. [Leur] camp est celui de l’antiracisme politique.
À l’heure des confusions volontairement entretenues entre l’identité juive et le soutien inconditionnel à l’État d’Israël, 22 personnalités juives reviennent sur leur itinéraire qui a fait d’eux des antisionistes.
Des parcours variés, souvent accompagnés de ruptures douloureuses, qui les amènent à prendre conscience que leur identité juive ne peut s’accommoder des crimes de l’occupation militaire, de la spoliation et de la répression du peuple palestinien.
C'est lors de la fête de l'humanité, le 11 septembre 2022, que nous avons enregistré cette prise de parole à 4 voix sur le stand de l'UJFP. A la lumière de cet ouvrage Parcours de Juifs Antisionistes en France, des contributeurs donnent des arguments pour se positionner et aider à comprendre en quoi l'antisionisme n'est pas une nouvelle forme d'antisémitisme. Soutenir aujourd'hui Israël c'est à minima ne pas connaitre l'histoire où il y a 75 ans, le peuple palestinien était expulsé de sa propre terre. Le nettoyage ethnique (la Nakba = la catastrophe) était prémédité depuis des décennies. Il avait commencé dès le vote par l’ONU du plan de partage de la Palestine (29 novembre 1947). C'est refuser de voir l'ascension d'une extrème droite raciste visant à amplifier l'expropriation des palestinien·nes de leur terre, en niant l'existence du peuple palestinien comme l'a clairement déclaré Bézalel Smotrich, le ministre des finances ultranationaliste du gouvernement Nétanyahou. Ce qu'il faut éviter à tout prix c'est de laisser disqualifier la lutte pour les droits humains et la liberté qui depuis 3 mois s'exprime aussi dans la rue à Tel Aviv, inlassablement :
Pour sauver la démocratie, menacée par les projets de Nétanyahou et de ses alliés, des dizaines de milliers de personnes manifestent inlassablement depuis trois mois.
Par @ReneBackmann https://t.co/FvSAE4VyuC
— Mediapart (@Mediapart) May 5, 2023
Pierre Stambul, Rony Brauman, Simon Assoun, intervenant·es audibles dans le podcast
La critique difficile d'israel
Mardi 4 avril, dans la mosquée Al-Aqsa, la police isarélienne pénètre dans le temple pour une opération commando, durant la prière du soir en pleine periode de ramadam