Temps d'écoute : 43'52''
Depuis de nombreuses années des fractures se sont ouvertes au sein de notre communauté LGBTQIAP+, les organisations InterLGBT ont le plus souvent privilégié les hommes cis blanc et invisibilisé ses autres composantes. Rejet ou réification des personnes racisées, invisibilisation des personnes intersexes, des travailleur·euses du sexe, transphobie et binarité, serophobie, lesbophobie, la liste est longue et non exhaustive qui montre à quel point la classe bourgeoise et ses dominant·es s'appropriant la lutte a reproduit des oppressions en son sein. Jusqu'au paroxisme même d'une bascule dans l'extrême droite pour certains gays.
Rien d'étonnant alors à ce que la Pride devienne l'antichambre de cette classe recherchant davantage la reconnaissance de la population cishétéronormée ; les hommes cis ne revendiquaient plus des droits en tant que minorité mais espéraient l'assimilation et réintégrer ainsi leurs privilèges virilistes. Loin de ses origines révoltées, la Pride est alors instrumentalisée en une vitrine médiatique annuelle hype, elle devient Gay-Pride au service d'une minorité qui pourtant avait bien profité des émeutes de STONEWALL... Il y a des signes qui ne trompent pas. Gay-pridisée, la marche des fiertés sera devenue une institution de la culture pop capitaliste regroupant bien trop de personnes non concernées alliées lors des seules festivités que de militant·es vénères. Quand beaucoup de gens viennent à ta fête, des ami·es d'ami·es, que tu ne reverras jamais, iels ont fait du nombre, du buzz, mais la plupart reparti·es, tu ne sauras pas vraiment qui est venu. C'est un peu l'effet que pouvaient faire les Prides des InterLGBT, on fait la fête all inclusive, on croit avoir gagné des allié·es et pourtant on est toujours seul·es quand viennent les agressions et autres discriminations. L'essentiel, politique, est siphonné. Les voix des refusant·es de l'ordre établi étouffées par le nombre.
Ce qui est exposé dans la vitrine est une revue de paillettes qui donne l'impression d'une concorde sociale et pourtant rien n'est fini pour nous en terme de discriminations ou de violences subies. Agressions, meurtres, précarisations, suicides, rejets institutionnels, les droits ne sont décidement pas acquis. Alors, partout fleurissent sur le territoire des marches indépendantes qui refusent l'instrumentalisation et la domination capitaliste par le divertissement pour réaffirmer la lutte, là où les Lesbiennes, Gay, Bi, Trans, Queer, Intersexes, Assexuel·les, Pansexuel·les et +, marginalisé·es et précarisé·es, doivent continuer à conquérir leurs droits, là où les bourgeois cis ont laché l'affaire. Marche radicale, Marche des banlieues, Marches révolutionnaires de province et vraiment inclusives, partout la lutte LGBTQIAP+ reprend, redonnant la parole aux victimes du cishétéropatriarcat.
La Pride de Dijon, féministe et queer, organisée par le Collectif 25 novembre a remis à l'ordre du jour une Pride engagée et méga revendicative. Tout au long de ce reportage, on entend la parole redonnée à celleux qui refusent la compassion organisée et institutionalisée, celleux qui veulent vivre et non survivre, conquérir leurs droits, prendre leur place.
Martha
Pour aller plus loin :
Récit d'une Pride Hors des Normes par le collectif 25 NOVEMBRE