Pris·es·x entre mépris de classe et racisme, les jardinier·es·x des Jardins ouvriers d'Aubervilliers subissent l'attaque des classes dominantes. Iels risquent de perdre encore plus de moyens de subsistance et encore plus de lien social. La classe populaire toujours rejetée par la bourgeoisie dans une volonté d'invisibilisation culturelle et d'augmentation de ses profits.
Temps d'écoute : 23'
Reportage photo : Emmanuelle Thiercelin
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Aubervilliers, Avril 2021, à 3 ans des jeux Olympiques, les jardins des vertus sont en péril et voués à disparaître.
Au pied du métro Fort d’Aubervilliers, à quelques kilomètres de Paris, alors que Paris et ses villes périphériques ne subviennent à leur besoin en nourriture qu’à raison de 2%, des arbres fruitiers, des plantations vont être déracinés, arrachés, des cabanes protectrices rasées si personne ne se mobilise. Alors que l’artificialisation est galopante à notre époque, les bétonneurs, les promoteurs, les élu·es·x prennent d’assaut ces jardins pour asseoir davantage leur domination gentrificatrice.
Aubervilliers est une ville ouvrière, un lieu d’histoire pour la classe populaire, dont les jardins sont un havre de paix et souvent la sécurité alimentaire pour les plus démuni·es·x. lels sont pris·es·x en chasse par la classe bourgeoise une fois de plus. Après la forêt de Romainville saccagée par Valerie Pecresse, après le triangle de Gonnesse préempté pour un projet de gare aberrant, c’est maintenant donc au tour de ce petit paradis de subir les assauts du Grand Paris qui, dans son projet inique, dévore tout sur son passage et en particulier le peu que possèdent les plus faibles.
Alors qu’il est urgent de préserver les terres encore riches et fertiles autour de Paris et sa banlieue pour préserver son autonomie alimentaire, alors qu’il est urgent de préserver des lieux de verdure pour conserver la fraîcheur à l’heure de l’inéluctable réchauffement climatique, à l’heure où on n’a de cesse de parler de biodiversité qui dans ces jardins concerne un grand nombre d’espèces protégées, les stérilisateurs s’apprêtent à couler du béton pour une piscine, un solarium, un spa, inabordables pour les classes populaires qu’on affamera encore plus, à qui on détricote encore davantage le tissus social et le droit à exister.
Une JAD, Jardin à défendre, s’est constituée pour repousser les bulldozers et par la solidarité montrer aux gentrificateur·ices·x que cette fois l’intérêt général prévaudra sur le business. La lutte commence et s’organise. Il y a besoin de monde dans les jardins pour soutenir les résistants et résistantes. Samedi 24 avril à partir de 14h00 les jardins ouvriers d’Aubervilliers vous accueillent pour vous faire découvrir la JAD et prendre conscience de l’incroyable nécessité de protéger ce peu qui reste aux classes populaires au bas des tours de la cité des Courtillières . Voici un entretien avec Sandra, nous l’avons rencontrée hier, elle soutient sur place la résistance. Aujourd'hui comme dans les semaines à venir, allez sur place, résistez !
Le dossier et la revue de presse
- Médiapart dévoile un projet de scandale : https://www.mediapart.fr/journal/france/050221/jo-2024-un-bassin-contre-des-jardins?page_article=1
- Médiapart révèle des troubles graves et répétés à la Solideo, l’établissement public chargé de la construction des ouvrages olympiques : https://www.mediapart.fr/journal/france/180421/jo-2024-des-accusations-de-propos-racistes-et-misogynes-creent-une-crise-interne
- Une analyse politique : https://lundi.am/La-mobilisation-des-jardins-ouvriers-une-lutte-d-ecologie-populaire
- Au sujet de la résistance : http://www.lavillepousse.fr/les-jardins-des-vertus-a-aubervilliers-lesprit-de-resistance-des-jardins-familiaux-preserve/