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Invisibles exilé·e·s, victimes d'un ordre xénophobe, les voix de Ramatou, Dao, Youssouf, Nadja, José, Juliana et Manuel
Le 1er septembre dernier les parisien·ne·s se reveillèrent avec une inhabituelle vision. Des tentes posées sur le parvis de l’hotel de ville. 107 familles de réfugiés, 219 personnes, une soixantaine d’enfants dont 17 de moins de 3 ans. Ce campement a été monté la veille avec l’association UTOPIA 56, association indépendante d’aide au réfugiés. L’objectif pour l’antenne parisienne de cette association était de faire débloquer par les pouvoirs publics des solutions d’hébergements dignes, pérennes et inconditionnelles.
Crédit photo : Utopia56
Les réfugié·e·s demandent l’asile, mais les services de la préfecture sont saturés (Ben tiens!). Réfugiés statutaires ou en cours de procédure, avec ou sans titre de séjour, le point commun de toutes ces familles c’est qu’elles n’ont pas de logement. Pas de toit pour les exilé·e·s, celleux qui demandent la protection de la France ont donc pour perspective la rue quand iels arrivent dans notre beau pays. Un état de maltraitance permanent tant physique que psychique pour ces personnes démunies et fragilisées. Depuis le début de l’année 2020, ce sont 667 familles qui auront sollicité UTOPIA56, pour trouver un hébergement. 1642 personnes dont 185 enfants dont personne ne veut, et où la seule solution proposée et appliquée par la préfecture est celle de la répression.
Cela fait donc de nombreuses semaines que ces personnes sont à la rue harcelées et chassées par la police. L’acharnement policier, quand les sirènes sonnent, c’est une criminalisation du statut de réfugié·e qui crée d’office la défiance et le rejet par les citoyen·ne·s. Alors les campements qui abritent les exilé·e·s, sont le plus souvent démantelés sans qu’aucun·e citoyen·ne ne s’oppose ni qu’aucune solution durable de logement soit mise en oeuvre. Chaque nuit c’est le même manège, on les déplace à peine installées. Evacuations agressives de la part des forces de l’ordre qui gazent et détruisent leur peu de matériel en possession. L’invisibilisation est une tactique d’État qui laisse en suspens la vie des personnes ; elles évoluent dans une dimension parallèle. Une prison aux barreaux invisibles, ceux des camps retranchés d’où chacune d’elles voient le monde autour d’elle, libre, mais dont le monde ne voit rien d'elles, car de ce côté, le quotidien des exilés est rendu opaque par le pouvoir. L’Etat repousse ces personnes au delà du périphérique.
Dans ce reportage vous entendrez les espoirs et desespoirs des éxilé·e·s et vous assisterez à l'évacuation par la police à laquelle s'opposeront les élus de la ville de Paris qui tenteront d'arréter la marche des bottes.
Au final, dans un communiqué datant du 2 septembre à 18:07, UTOPIA 56 précisait que la totalité des personnes évacuées du parvis de l'Hôtel de ville, aura été logée soit en centre d’hébergement, soit en hôtels sociaux.
Cependant, si les associations n’étaient pas là, aucun élu ni l’État ne réagiraient aussi rapidement pour accompagner ces personnes exilées en attente de considération et de moyen. La France ne s’implique pas dans la prise en charge de ces personnes, et c’est un choix politique, laisser les gens à la rue.
Nous sommes 66 524 339 d’habitant·e·s en France au dernier recensement de 2017, en 2019 ce sont 177 822 demandes d’asile qui auront été formulées pour 36275 attribuées. Ce qui représente 0,05 % de la population. Le débat qui n’a pas lieu dans notre pays donne l’impunité au Pouvoir de rejeter les demandeureuses d’asile par clientélisme pour préserver les électeurs xénophobes et nationalistes.
Les exilé·e·s qui se présentent à nos frontières ne sont pas une vague, mais une goutte.
Yann Manzi, Fondateur de Utopia56
L’indignité dans laquelle nous installent les pouvoirs publics doit absolument faire réagir et s'engager les citoyens solidaires. S’engager auprès des associations, ce serait sans doute se donner les moyens de peser et d’infléchir la politique migratoire de la France, comme ce fut le cas dans cette opération de UTOPIA 56.
Les suites :
Deux jours après avoir soutenu le campement éphémère du Parvis de l'Hôtel de Ville, Yann Manzi, fondateur de UTOPIA56 sera mis en garde à vue pour outrage alors qu'il défendait un réfugiés de violences policières.
Lire l'article de Publié le : 04/09/2020 sur InfosMigrants
L'État exerce une violence sans nom sur les lanceureuses d'alerte, sur les activites engagé·e·s pour le respect des droits et de la justice. Il n'y a pas de limite à l'inpunité.
A notre arrivée sur le Parvis de l'Hôtel de ville de Paris.
A venir :
Evénement facebook : https://www.facebook.com/events/813284472753247
L'Union européenne et ses États membres doivent immédiatement assumer leurs responsabilités et évacuer les habitants du camp, désormais totalement sans abri, ainsi que modifier fondamentalement leur politique migratoire.